Zarathoustra s’était retiré dans la montagne quand il fut abordé par le Fou. Le Fou parla ainsi.
« O Zarathoustra, écoute ma sagesse et suis à la lettre mes injonctions !
- Ma religion est tellement bonne que je dois te l’imposer, pour te sauver malgré toi !
- Ma solidarité est tellement belle que je dois te voler ton argent
pour en faire profiter tout le monde et te rendre moral malgré toi !
- Mon appareil d’État est tellement grandiose que je dois lui donner
tous les pouvoirs pour te faire sentir combien tu es faible !
- Ma
législation est tellement juste et tellement progressiste que je dois
chaque jour la compléter en y ajoutant des centaines de lois et
d’articles de lois pour te conduire dans le plus magnifique des dédales
juridiques !
- Ma société est tellement bien organisée que tous admirent ma planification impeccable !
- Ma centralisation est tellement efficace que je sais tout sur tous,
et que je veille à ce que rien n’échappe à mon regard bienveillant !
Prosterne-toi, ô Zarathoustra, car je suis le Maître des maîtres, le
seul dieu dont le cadavre remue encore aujourd’hui, impavide Moloch et
Léviathan tout-puissant, je suis ton État ! »
« O Fou, retourne
dans ton hospice, je ne doute pas que là-bas, parmi tes congénères, tu
trouveras des oreilles plus complaisantes que les miennes, et des
échines plus soumises, sur lesquelles tu pourras exercer ton esclavage !
»
Ainsi parlait Zarathoustra et il quitta sa caverne, ardent
et fort comme le soleil du matin qui surgit des sombres montagnes,
tandis que le Fou repartait rejoindre les siens.
mardi 12 avril 2016
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