jeudi 20 décembre 2012

Eux aussi votent avec leurs pieds : ils quittent la Sécu !



Eux aussi votent avec leurs pieds : ils quittent la Sécu !
La mort définitive du "modèle" social français

Longtemps Claude Reichman est passé pour un Don Quichotte, un illuminé qui proclamait un peu partout, dans les journaux, à la radio et sur Internet, la fin du monopole de la Sécurité sociale française.

Longtemps on ne l'a pas pris au sérieux (y compris parmi les soi-disant "libéraux" en peau de lapin qui ont joué contre leur camp), jusqu'à ce que plusieurs milliers de personnes (8000 ?) aient mis en pratique ses conseils pour sortir du carcan français. Remplacer les cotisations sociales par une assurance privée a permis à ces quelques privilégiés d'économiser des dizaines de milliers d'€ chaque année. Des cabinets, des entreprises, des exploitations familiales ont été ainsi sauvés de la ruine.

Comme le système franco-soviétique actuel ne repose que sur la coercition et sur l'endettement public (on emprunte y compris pour payer les retraites !), il suffit d'un petit pourcentage de dissidents pour signer son écroulement définitif. C'est ce qui se produira dans les mois ou les années qui viennent (si la France n'a pas fait faillite auparavant par incapacité à se refinancer sur les marchés).

La conférence qu'ont donnée le 15 décembre dernier Claude Reichman et Maître Ana Cristina Coïmbra, avocate à la Cour, peut être écoutée en déchargeant le fichier audio (durée 2h30). Cette conférence concernait surtout les médecins, mais les informations données sont valables pour tous les indépendants, professions libérales, commerçants, agriculteurs, etc. Seuls les salariés restent contraints par leur employeur, puisque c'est ce dernier qui verse les cotisations prélevées sur le salaire complet, l'antisoviétisme n'étant pas précisément la marque des employeurs, souvent bien frileux face aux "autorités".

Durant la première heure de la conférence, Claude Reichman a rappelé tout l'historique de son combat. On y apprend comment toutes les autorités politiques, de droite comme de gauche, se sont opposées autant qu'elles ont pu à l'instauration d'une liberté de la protection sociale pourtant inscrite dans les textes de loi. La violation du droit communautaire en France dure depuis 20 ans, le seul but étant de perpétuer ce véritable tabou, ce mythe d'une Sécurité sociale solidaire "que le monde entier nous envie". Une chape de plomb s'est abattue sur cette nouvelle dissidence. Les rares magistrats qui ont appliqué les directives communautaires, et ont donc donné raison aux dissidents, ont été sanctionnés. Le mensonge a été colporté de façon éhontée par ceux-là mêmes qui étaient chargés de faire respecter le droit.

Aujourd'hui, il est pourtant possible, et même relativement aisé, de quitter la Sécurité sociale, au moins pour ce qui concerne la branche maladie (c'est le plus facile, et le plus immédiatement "gratifiant" : les gains pour un médecin sont souvent de 20000 à 40000 € par an, ce qui paie largement d'éventuels frais d'avocat, 10 fois moindres). Les gens bien informés "en haut lieu" savent à quoi s'en tenir. Les employés des URSSAF ou du RSI n'hésitent d'ailleurs pas à le dire en "off" : « Allez-y ! De toute façon on ne pourra pas gérer des milliers de contentieux. »

Quelques phrases des conférenciers relevées au cours de cette longue conférence :

- N'oubliez pas que vous avez contre vous des intérêts puissants : les syndicats, les caisses, les assistés. Si c'était facile, tout le monde le ferait (ce qui est bien notre objectif). Mais il y aura un jour un basculement sous la pression publique.

- Nous sommes dans un système qui est en train de tomber. En haut lieu, c'est la panique. L'effondrement de la SS va se produire inéluctablement. La France aurait pu diminuer les prélèvements obligatoires depuis 20 ans ; à présent c'est trop tard, il faut se sauver individuellement, demain ce ne sera plus possible.

- La règle de base est de tout contester (par recommandé AR). En face on ne cherche qu'à vous piéger. Discuter avec la partie adverse revient à ne pas contester et, les délais épuisés, la situation devient irrattrapable. Ainsi, une contrainte par huissier devient exécutoire si elle n'est pas contestée dans les 15 jours par une procédure devant le TASS.

- Pour les indépendants c'est simple : il suffit de ne pas payer. De plus, en matière sociale, la représentation par avocat n'est pas obligatoire.

- 100% de ceux qui ont essayé - avec dès le début un bon avocat ou le MLPS - ont réussi. Les échecs viennent de ceux qui veulent agir par eux-mêmes et font une erreur.

- Faut-il se rendre insolvable au préalable ? Non, il faut se rendre insaisissable. Ouvrir un compte à l'étranger (ce qui est permis légalement), car les banques françaises obéissent au pouvoir (rappelez-vous du corralito argentin). De plus, il vaut mieux prendre une banque qui ne soit pas une succursale d'une banque française.

mercredi 19 décembre 2012

La « grève » morale de Gérard Depardieu

La « grève » morale de Gérard Depardieu, Mathieu Laine (Source: Le Figaro)

« Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés ». En prononçant ces mots, Gérard Depardieu est devenu notre John Galt gaulois. « Qui est John Galt ? ». C’est précisément la question que posent sans cesse les héros énigmatiques d’un roman magistral, La Grève (Les Belles Lettres, 2011), que Gérard Depardieu et l’ensemble de ceux qui le comprennent et le soutiennent doivent lire au plus vite.

John Galt est un génial inventeur, créateur et philosophe qui, dans ce célèbre roman vendu à plus de 10 millions d’exemplaires, se rebelle contre l’interventionnisme galopant d’un Etat oppressant et la compression des talents qu’il implique. Il emmène avec lui l’ensemble des innovateurs, des entrepreneurs, des génies de la culture et des arts qui refusent, comme lui, d’entretenir un système et des hommes politiques qui non seulement pompent leur énergie, s’accaparent une grande partie des fruits de leurs efforts, mais les pointent aussi du doigt, les menacent, et finissent, après les avoir spoliés, par les insulter.

Tous ces talents qu’on harcèle, qu’on bride et qu’on invective disparaissent littéralement. Ils font la grève. « Il y a une différence entre notre grève et toutes celles que vous avez menées pendant des siècles. Notre grève ne consiste pas à formuler des revendications, mais à les satisfaire. Nous sommes mauvais, selon vos principes : nous avons choisi de ne pas vous nuire plus longtemps. Nous sommes inutiles, d’après vos théories économiques : nous avons décidé de ne pas vous exploiter davantage ». Et c’est ainsi que, John Galt et ses disciples ayant quitté la scène, le moteur du socialisme s’arrête. La prise de conscience est radicale. Mais il est trop tard. Trop tard pour comprendre qu’en affaiblissant les hommes et les femmes qui réussissent, en tuant les incitations individuelles au dépassement de soi et à l’innovation, c’est toute la société qui s’effondre.

Cette révolte est morale. Elle est fondée et justifiée sur le plan éthique. « Nous sommes en grève contre l’auto-immolation. Nous sommes en grève contre le principe des récompenses imméritées et des obligations sans contrepartie. Nous sommes en grève contre la doctrine qui condamne la poursuite du bonheur personnel. Nous sommes en grève contre le dogme selon lequel toute vie est entachée de culpabilité ».

Ayn Rand, l’auteur d’origine russe de ce best-seller mondial, intitulé Atlas Shrugged en anglais (car Atlas, portant le monde, se révolte en secouant les épaules) a écrit sa prophétie en… 1957. Il aura fallu attendre 2011 pour que la France soit l’un des derniers pays à le traduire. Celle-ci vient cependant à point nommé, dans une France malade de son interventionnisme et de sa pression fiscale, qui n’ont cessé de croitre sous Nicolas Sarkozy comme sous François Hollande.

Sans même compter le délire des 75% et les chiffres effondrants avancés par notre Cyrano national, sentant monter jusqu’à son nez l’insoutenable captation, la véritable tranche marginale de l’impôt sur le revenu atteint désormais 64%, avec une tranche marginale officielle à 45% à laquelle il faut ajouter une surtaxe de 3% pour les revenus supérieurs à 250 000 EUR et des prélèvements sociaux de 15,5%. En Allemagne, on est à 27% !

Lisez Alberto Alesina, ce professeur de Harvard qui vient de démontrer à nouveau combien il est préférable de baisser les dépenses que d’augmenter les impôts pour relancer la croissance et l’emploi. Découvrez, au lieu de les tenir à distance, tous ceux qui, avant lui, ont compris et démontré les méfaits de l’hyper-impôt et l’élan libérateur, notamment sur le point fondamental de la solidarité et de la lutte contre la pauvreté, d’un changement de cap radical. L’innovation politique est là, la France ne l’ayant jamais tentée. Mieux encore : ceux qui ont essayé ont toujours été réélus. Voilà qui devrait convaincre.

Mais le plus pénible, et le plus inquiétant, est sans doute la montée de ce moralisme fiscal nauséabond, cette mise en fiches puantes, nominatives et dégradantes, de ceux qui ne font, pardonnez-leur, qu’exercer leur liberté inaliénable de circuler, après avoir osé penser, créer, inventer, et recruter. Que l’on soit riche ou pauvre, on ne quitte jamais son pays sans tristesse. La sécurité que l’on poursuit, et la liberté que l’on espère, ont cependant parfois plus de prix que ce déchirement intérieur.

Mais au Carnavalgrad des joli-pensants, l’escroquerie du Bien risque encore longtemps de faire office d’hymne national. A ceux-là, et surtout aux artistes en quête de popularité, osons leur dire : plutôt que de juger, d’insulter et d’ironiser, donnez, non des leçons, mais votre argent. Dépassez les 75%, puisque vous y croyez tellement. L’impôt volontaire existe. Il devrait être facilité. Ainsi, toutes les libertés seront respectées.

Mathieu Laine est président d’Altermind, enseigne à Sciences-Po et vient de publier le Dictionnaire du libéralisme (Larousse, 2012)

dimanche 9 décembre 2012

Faut-il avoir peur du libéralisme ? - le livre

Après avoir été refusé par un éditeur suisse horrifié qu'on puisse être aussi libéral, puis publié quelques années sur la plate-forme Knol de Google avant que celle-ci ne ferme, c'est finalement l'Institut Coppet et la Main invisible qui ont mis la main à la pâte... Le livre est donc lisible ici : Faut-il avoir peur du libéralisme ?.

vendredi 16 novembre 2012

Mouvement pour la Liberté - Ad majorem libertatem in Helvetiā !

Tout comme Pierre Chappaz dans son récent billet (Création du Mouvement pour la Liberté), je salue l'arrivée de ce nouveau "think tank" dans le paysage suisse, suite à l'assemblée qui s'est tenue le mercredi 14 novembre à Lausanne - j'y étais, et j'ai pu y rencontrer aussi bien les "anciens" (outre Pierre Chappaz, de Genève : Francis Richard, d'Ouchy, Alphonse Crespo, de Vevey) et les "jeunes" qui lancent ce mouvement, présidé par Roberto Fucile.

Qu'attendre de ce mouvement libéral suisse ? Qu'il agisse "ad libertatem", c'est-à-dire en faveur de toutes les libertés, la seule limite à la liberté étant l'agression d'autrui, ce qui en fait un concept bien précis, très concret, loin du vague fourre-tout politique à géométrie variable qu'entretiennent à dessein les partis de droite et de gauche.

La Suisse est réellement contaminée par le collectivisme technocratique de l'Union européenne, ce soviétisme rampant si bien dénoncé par Vladimir Boukovsky ("J'ai vécu dans votre futur, et ça n'a pas marché").

Par exemple, la Suisse aurait une "stratégie de l'argent propre" concernant l'évasion fiscale. Elle est donc décidée à faire une croix sur ce qui fut une manne pendant des décennies, ce qui est, comme l'explique bien Myret Zaki, tout bénéfice pour ses concurrents anglo-saxons, Etats-Unis, Royaume-Uni, sans compter les Asiatiques (Singapour, Hong-Kong), toutes ces places financières prospères que l'angélisme bizarre des politiciens suisses doit bien faire sourire. Les Suisses ont su résister aux Nazis, mais pas aux médiocres Merkel-Sarkozy...

Les velléités de caisse maladie unique qui refont surface de temps à autre seront aussi un motif de combat légitime. Car de nombreux Suisses "suissidaires" veulent casser ce qui ne marche pas trop mal pour le remplacer par l'usine à gaz soviétique franchouillarde, la trop fameuse sinistre SS qui suce véritablement la substance du pays.

Le Mouvement pour la Liberté, avec les autres think tanks libéraux, pourrait soutenir l'initiative de franc-or suisse, seul moyen pratique d'endiguer la hausse du franc suisse par rapport aux monnaies de singe du reste du monde, ce qui nécessite de changer l'article 99 de la Constitution (un article étrange, sans doute l’œuvre d'un politicien retors, qui dit que le franc suisse doit reposer sur l'or, mais sans indiquer dans quelle proportion !).

Je participerai sans doute aux activités du Mouvement pour la Liberté, principalement via des articles ou des analyses. Longue vie au petit nouveau !

jeudi 18 octobre 2012

La Sécurité sociale mise en concurrence

La Sécurité sociale mise en concurrence



« Chaque gouvernement a eu son projet de réforme de la Sécurité sociale ; ils ont tous échoué. Ce n’est pas un hasard, car c’est le principe qui est mauvais. Ce qui signifie que l’on mette un terme au monopole de la Sécurité sociale. » – Philippe Simonnot



C
haque fois que l’État sort de ses attributions régaliennes pour prendre en charge des fonctions par nature mieux assurées par la société civile, des catastrophes s’ensuivent. La Sécurité sociale à la française, c’est une dette de plus de 130 milliards d’euros, des déficits renouvelés, des déremboursements continuels, des cotisations toujours en augmentation, des prix administrés, des retraites menacées, des abus incessants, des contraintes absurdes tant envers les professionnels qu’envers les prétendus « assurés sociaux ».

C’est d’abord l’institutionnalisation de l’irresponsabilité, car l’assuré, ou plutôt le bien nommé « assujetti », n’a aucun choix :
·   Il doit sacrifier une partie du fruit de son travail à ce gouffre financier en y contribuant de façon aveugle, qui plus est à un coût très élevé si l’on veut bien se donner la peine de comparer les montants déboursés par le patron et ce qui reste in fine au salarié ;
·   Il doit en contrepartie accepter les « prestations » telles qu’elles sont, non contractuelles et déconnectées des cotisations, sans possibilité pour lui de faire jouer la concurrence ni de sortir du système.

Le peu d’esprit mutualiste qui était présent à l’origine de l’institution, tout à fait respectable puisque fondé sur le consentement des personnes, a été complètement dénaturé et étouffé sous la coercition, la bureaucratie, la réglementation administrative, le rafistolage perpétuel du système et le recours à l’endettement comme solution à tous les dysfonctionnements. Ce système apparemment si généreux (en réalité arbitraire et déresponsabilisant) ne tient que grâce aux déficits accumulés, que devront régler les générations futures.

Cette bien mal-nommée Sécurité sociale a été construite et gérée comme si ses ressources étaient illimitées et permettaient de réaliser l’utopie communiste du « à chacun selon ses besoins », et comme si l’on pouvait vivre au jour le jour en tirant immédiatement parti pour soi-même de la spoliation de son voisin. Heureusement que la même prétention planificatrice et totalisante n’a pas trouvé le même champ d’application dans le domaine de l’alimentation ou de l’agriculture, sans quoi pénuries, gaspillages et disettes seraient aujourd’hui la norme, comme autrefois dans les pays de l’Est.

Il nous paraît donc étrange, sauf à être un profiteur du système ou un technocrate qui en vit, de présenter comme un « acquis social » ce monopole imposé à partir de 1945, qui ne survit que par la contrainte et le déficit, et qui freine la croissance et le progrès. Mais il n’y a pas de raison de s’obstiner dans la poursuite de la catastrophe ni d’attendre la faillite finale, inéluctable, pour agir dès aujourd’hui.

Un tel aveuglement serait d’autant plus inexcusable qu’il existe sur le marché une offre très vaste en matière de traitement du « risque social », qu’il s’agisse d’assurance maladie, de chômage, d’accidents du travail ou de vieillesse. L’obligation d’assurance pourrait être conservée (pour éviter de mettre le non-assuré à la charge de la communauté), mais l’offre d’assurance serait libre et l’assuré pourrait comparer les contrats par lui-même, et opter selon sa situation. Les caisses actuelles pourraient tout à fait continuer à exister, puisqu’elles sont déjà de droit privé (lors de la création de la Sécurité sociale, il y eut une volonté claire de construire une organisation parallèle à celle de l’État) ; elles seraient en concurrence avec les autres mutuelles, les assurances et les organismes de prévoyance. Les salariés toucheraient leur salaire complet, celui que débourse l’employeur, et qui leur est intégralement dû, libre à eux ensuite de choisir leur assurance.

Le cas des retraites est plus délicat à traiter. Les hommes politiques du XXe siècle ont choisi la facilité en forçant le passage de la capitalisation (déjà bien développée avant 1945) à la répartition. Or la répartition est une escroquerie, car elle équivaut au mieux à un placement à 0 %, faute d’un nombre suffisant d’actifs cotisants rapporté au nombre de retraités. Elle pénalise la jeunesse, qui paie les pensions actuelles, jeunesse qui n’a aucune chance de retrouver un jour, l’âge de la retraite venu, l’équivalent de ce qu’elle a versé. Il faudra donc envisager un passage progressif de la répartition à la capitalisation, ce qui a été réalisé avec succès dans certains pays (comme au Chili avec José Piñera).

Il se trouve que la législation française actuelle est tout à fait préparée à la fin du monopole pour toutes les branches de la Sécurité sociale. En effet, l’acte unique européen de 1992 instaurait un marché unique et la fin des monopoles sociaux (car il était impensable d’obliger un Européen voulant s’installer en France à résilier ses assurances privées pour « adhérer » au système obligatoire français). Les directives européennes ont été transposées dans la loi française en 2001, et seule la tyrannie du statu quo et une peur irraisonnée de la part des hommes politiques ont empêché leur application pratique.

La solidarité doit être séparée de l’assurance, ce qui est déjà le cas en grande partie (ainsi la CMU est assurée par l’impôt, et non par les cotisations sociales). « Il ne faut pas étendre artificiellement la solidarité de manière à détruire la responsabilité ; en d’autres termes, il faut respecter la liberté » avertissait déjà Frédéric Bastiat.

Pourquoi jugerait-on le citoyen suffisamment mature et autonome pour pouvoir voter et influer sur l’avenir de son pays, mais pas pour choisir par lui-même sa propre assurance santé (comme peuvent le faire les Allemands, les Hollandais ou les Suisses) ou se constituer une épargne-retraite et cotiser à un fonds de pension (comme le font les Chiliens) ? Pourquoi le priver de la possibilité de gérer sa propre vie comme il l’entend ?

Texte libre de droits

mardi 18 septembre 2012

20 septembre 2012 : stupeur et rentre-dedans


Le 20 septembre, c'est un OVNI, ou plutôt un OLNI (objet libéral non identifié) qui va survoler le dernier pays de l'Est encore en activité, la France.

On en tremble dans les sovkhozes et dans les kolkhozes (toujours). Qui plus est, ce samizdat, ce brûlot, après avoir remonté l'Amazone, sera disponible, page par page, semaine après semaine, sur ce réseau capitaliste non conforme au Gosplan qui se fait appeler "Internet".

La main invisible va encore frapper !
Son but : nous rendre tous plus Libres !

samedi 4 août 2012

Séquence narcissique...

Ces derniers temps, j'ai été "featured", comme on dit en anglais, à la fois comme dinosaure (mainframe specialist) et comme scribouillard libertarien...

samedi 17 mars 2012

Lettre ouverte à la rédaction du magazine « Le Spectacle du Monde »

Messieurs,

Je suis abonné à votre magazine depuis près de vingt ans, mais je ne renouvellerai pas mon abonnement.

Votre revue, qu’on présente parfois comme « positionnée au carrefour de toutes les droites », a dépeint les libertariens, dans son numéro de mars 2012, sous les plus noires couleurs, notamment comme des « individus libérés de tout lien social ». Une telle ignorance couplée à une telle malveillance laisse pantois et surprend de la part d'une revue qui se prétend culturelle et bien informée. L’auteur, étayant son propos de la plus solide ignorance historique, philosophique et politique (car le libertarisme est issu directement du libéralisme français des XVIIIe et XIXe siècles et des théories du droit naturel encore plus anciennes) n’hésite pas à aligner les absurdités les unes après les autres, puisqu’il affirme que pour les libertariens « les lois doivent disparaître ».

On ne saurait que vous recommander la lecture de l’encyclopédie libérale et libertarienne www.wikiberal.org qui vous donnera gratuitement (car, au risque de vous contredire, tout n’est pas « marché » pour les libertariens) davantage d’information sur le très riche mouvement libéral et libertarien issu directement d’une conception des droits de l’homme qui ne transige pas sur les libertés élémentaires.

On pourrait espérer que votre revue, par nature et de par son lectorat, pratique une certaine méfiance vis-à-vis du collectivisme, de l’interventionnisme étatique triomphant, de l’assistanat généralisé, de l’endettement démentiel des états, de l’arrogance des politiciens de droite et de gauche qui prétendent faire le bonheur des peuples malgré eux. Hélas, dans le même numéro de mars, on lira un autre article, très critique à l’égard de Margaret Thatcher, et qui reflète tous les clichés de gauche les plus puérils : accusation d’ « ultralibéralisme » (doctrine inconnue dont on « apprend » que F. von Hayek aurait été le « principal théoricien »...), « primauté de l’individu sur le groupe » (apparemment Thatcher n’était pas assez socialiste pour vous), etc. Cette mauvaise foi culmine avec des citations tirées de leur contexte, comme le fameux « There is no such thing as ‘society’ ». Ci-dessous la citation complète de Margaret Thatcher, qui rappelle en quoi consiste la responsabilité individuelle pour un libéral :
You know, there is no such thing as society. There are individual men and women, and there are families. And no government can do anything except through people, and people must look to themselves first. It's our duty to look after ourselves and then, also to look after our neighbour. People have got the entitlements too much in mind, without the obligations. There's no such thing as entitlement, unless someone has first met an obligation."

Je crains que votre revue ne soit plus que l’écho de l’idéologie française la plus délétère (et en même temps la plus insipide) : l’état sait tout, l’état peut tout, l'individu n'est rien, il est mal de critiquer l’état tout-puissant. Nous verrons ce qu’il en sera quand l’inéluctable faillite sera venue, faillite financière prévisible succédant à une faillite intellectuelle de plus de trente ans, due tant à la droite la plus bête du monde qu’à la gauche la plus totalitaire du monde.

Je ne me réabonnerai donc pas à votre revue et j’invite les libéraux et libertariens encore abonnés à faire de même.

Recevez mes salutations.

T. Falissard, Lausanne

lundi 9 janvier 2012

Un livre d’été : « Blythe Masters » ou l’Apocalypse de tous les DAB...

Publié le 29/07/2011

Par Thierry Falissard

C’est via le site de Claude Reichman que j’ai découvert le livre de Pierre Jovanovic dont l’énigmatique titre « Blythe Masters » est explicité par le sous-titre : « la banquière de la JP Morgan à l’origine de la crise mondiale. Ce qu’elle a fait, ce qu’elle va faire ».

Claude Reichman, libéral conservateur et pourfendeur bien connu du monopole franco-soviétique de la Sécurité sociale (notamment en matière d’assurance maladie), a coutume d’inviter des personnalités atypiques, délaissées par les médias grand public. Ses émissions sur ReichmanTV, bien que filmées, tiennent plus de l’émission radio, ce qui est fort commode pour les nostalgiques de la TSF qui ne se soucient pas de l’image et n’ont pas la TV…

Pierre Jovanovic, que Reichman a reçu le 4 juillet (émission ici et ici), est un auteur jusqu’ici plutôt connu pour son mysticisme angélique, ce qui est son droit le plus strict. Il s’affirme libéral, ce qui ne l’empêche pas de céder assez souvent à la tentation facile, bien française, d’assimiler libéralisme et malhonnêteté foncière, voire loi du plus fort. Il tient un blog de l’Apocalypse financière qui est paraît-il censuré par les banques.

Si donc vous aimez les romans horrifiques qui mêlent haute finance et politique, avec une grosse louche d’Armageddon, le « Blythe Masters » de Pierre Jovanovic est le livre d’été qu’il vous faut ! Un commentaire sur Amazon parle joliment de « Da Vinci Code version économie ». Ce livre assez racoleur, qui fait tantôt dans le « people » tantôt dans l’horreur économique, avec une certaine part de vérité (voire une grosse part, avouons-le), est à lire absolument si vous détestez les banquiers, ou si vous aimez les théories du complot.

Si vous persistez à ne pas vouloir le lire (pour ne pas gâcher davantage un été déjà assez pluvieux), je puis vous le résumer en quelques mots : madame Masters, Blythe de son prénom (prononcez à l’anglaise : /ˈblaɪθ/) est une sulfureuse banquière de la JP Morgan (alias la « fée Morgan »), mi-mathématicienne mi-démon, qui a inventé des « armes financières de destruction massives » via des mathématiques byzantines et la bénédiction complice de l’establishment financier. Ces « credit default swaps » (CDS) honnis, auxquels est consacrée une bonne partie du livre, vont in fine permettre aux banques de réduire en esclavage la population de la Terre toute entière.

Qu’est-ce qu’un CDS ? Le livre explique assez bien un mécanisme qui est complexe. Cela fonctionne en apparence comme une assurance. L’acheteur d’un CDS veut se protéger d’un risque, tel qu’un non-remboursement de crédit (« crédit » est à prendre au sens large : il ne s’agit pas seulement de crédits immobiliers comme les fameux subprimes, mais aussi d’obligations d’États ou d’entreprises). Il achète une « assurance » à un vendeur qui promet de couvrir le risque contre un paiement récursif (analogue à une prime d’assurance). Premier problème : le vendeur de cette assurance n’a aucune obligation prudentielle de réserves, contrairement aux assureurs classiques − il n’est pas forcément capable de couvrir le risque. Le second problème est que cette « assurance » encourage la prise de risque du côté de l’acheteur, le bien mal nommé aléa moral : si l’acheteur d’une telle « sécurité » est une banque, elle pourra accorder des prêts bien au-delà du raisonnable, qui plus est en contournant la contrainte « bâloise » des 8% de fonds propres. Les réserves fractionnaires, pour la plupart des économistes autrichiens, sont déjà une escroquerie légale, mais certains escrocs ont trouvé encore d’autres moyens de s’escroquer entre eux en toute légalité, par la création monétaire !

Du fait que le CDS est un « papier » qui peut être échangé librement, le procédé, bien qualifié par Jovanovic de « permutation de l’impayé » (default swap), peut servir dans une finalité opposée : l’acheteur ne veut pas réellement se protéger d’un risque (qui ne le concerne pas, et qui finit par être oublié, tronçonné et dilué avec d’autres risques), au contraire il parie sur sa réalisation, et espère toucher le gros lot contre une mise modeste (« effet de levier »). On donne ainsi le droit à quiconque d’acheter une assurance sur un bien qu’il ne possède pas, et dont il souhaite éventuellement la destruction, sans pourtant que cela pose de problème à celui qui vend cette assurance, qui n’a pas forcément l’intention de remplir ses obligations, ni le capital requis pour faire face en cas de sinistre ! À force de s’échanger du risque et de se refiler le mistigri, on finit par ne plus savoir lequel est la dupe de l’autre (ce sont en majorité les banques qui achètent et vendent des CDS, alors que les compagnies d’assurance sont vendeuses).

Le résultat, quand on considère ce qui s’est passé dans la première décennie de ce siècle, est une augmentation sans précédent des crédits, et par conséquent des mal-investissements causés par la création excessive de crédit, avec les résultats catastrophiques bien connus, que décrit la théorie autrichienne. Cela explique la crise des subprimes : les banques, telles de vulgaires États-providence, ont accordé des crédits à des personnes insolvables, avec la complicité bienveillante des pouvoirs publics (car les salauds de pauvres ont des « droits » eux aussi, prétendaient les étatistes), ces crédits se trouvant « assurés » auprès de hedge funds ou autres organismes (tels AIG) qui n’avaient pas les capitaux adéquats pour ce type de risque. L’effet de levier s’inversant, c’est un retour de manivelle douloureux qui s’ensuivit, quelques faillites (salutaires), mais aussi un interventionnisme étatique forcené, collectivisant les pertes et nationalisant les plus gros dépôts de déchets toxiques (si AIG sautait, la Société Générale et d’autres sautaient), et créant toujours plus de liquidités pour prévenir le risque systémique. On a bien oublié l’avertissement de Ludwig von Mises qui laisse comme alternative en ce cas « ou bien d’aboutir à une crise plus tôt par arrêt volontaire de l’expansion monétaire, ou bien plus tard par l’effondrement complet de la monnaie qui est en cause. »

La faute à qui ? Aux banquiers cupides, nous dit Jovanovic, sinon au libéralisme, qui est on le sait un fléau mondial et un gros mot en France. Défaut de régulation, donc ? Pourtant ce ne sont pas les régulateurs qui manquaient, et les CDS ont été avalisés au plus haut niveau des banques centrales et de l’État. C’est un Alan Greenspan piteux qui devra reconnaître plus tard que les banques ont été sous-capitalisées pendant des décennies (leur ratio de réserves aurait dû passer de 8 % à 40 %). Beauté des réserves fractionnaires et de la création monétaire ex nihilo, diront les gold bugs (dont nous sommes et dont fut Greenspan avant de sombrer dans l’opportunisme)…

À la base, un problème de responsabilité, qui aurait pu se résoudre aisément si la finance n’avait pas été acoquinée avec l’État et lavée par les politiciens de toute responsabilité sous prétexte de too big to fail. Le même problème se pose aujourd’hui avec l’endettement excessif des États. Le bouc émissaire tout trouvé, en plus du libéralisme, est aujourd’hui le spéculateur. Or le spéculateur rend service à la société en signalant les mauvais risques, et tant qu’il spécule avec son argent et non celui des autres, on ne peut rien trouver à y redire. Et quand il utilise l’argent d’autrui ou fait de la cavalerie financière, on est dans un autre monde qui est bien éloigné de l’éthique libérale.

Il y a d’autres causes qu’on ne saurait sous-estimer, qui favorisent l’irresponsabilité : d’abord l’illusion mathématique (car le travers scientiste ne se rencontre pas que chez les collectivistes planistes). Jovanovic l’évoque bien, sans évidemment en donner l’explication « autrichienne » : l’imprévisibilité de l’action humaine qui refuse d’être corsetée dans des équations ou des modèles. Les maths sont une construction de l’esprit, certains disent une fiction, et l’on sait bien que la réalité dépasse toujours la fiction…

L’autre cause, qui échappe complètement à notre sympathique doomsayer, la cause fondamentale à notre avis, est l’impossibilité d’arrêter une création monétaire effrénée, en raison de la nature même de la monnaie qu’impose l’État. Si vous aviez une machine à fabriquer des billets de banque aussi vrais que les vrais, refuseriez-vous de vous en servir sous quelque prétexte éthique ? Certainement pas, d’autant plus que votre voisin (la banque d’en face, le pays d’en face) dispose du même type de machine et de beaucoup moins de scrupules.

Dès lors qu’une monnaie ne repose pas (ou plus) sur un bien matériel donné (historiquement, les métaux), mais peut être créée à volonté, il n’y a aucun moyen d’empêcher son créateur d’en abuser. Celui-ci en abusera forcément un jour ou l’autre, d’une façon ou d’une autre. Si ce n’est pas par la création directe via le monopole central (création aujourd’hui appelée pudiquement quantitative easing chez l’oncle Sam), ce sera de façon indirecte, par des subtilités bancaires (qu’on les appelle swaps ou autre) qui permettront de contourner les règles prudentielles et de pratiquer le hors-bilan. Certes, l’inflation monétaire qui en résulte s’étale progressivement dans le temps, ce qui fait que l’on ne s’en aperçoit pas, comme la grenouille que l’on ébouillante à petit feu, et que l’on en prend conscience seulement quand il est trop tard, et qu’elle est devenue une hyperinflation weimarienne ou zimbabwéenne. Il vaut la peine de rappeler l’avertissement prémonitoire de Friedrich Hayek, en 1977, concernant l’abandon de l’étalon-or :

Maintenant que cette discipline a été brisée, je ne vois aucun espoir de la restaurer. Pour cette raison, à moins de changements radicaux, la perspective qui est devant nous est celle d’une inflation indéfiniment accélérée, aggravée par le contrôle des prix, suivie d’un effondrement rapide du marché, des institutions démocratiques, et finalement de la civilisation telle que nous la connaissons.

Les fanfaronnades des banquiers centraux, qui prétendent faire aussi bien sinon mieux que l’étalon-or sans nul besoin de la « relique barbare », feraient sourire si elles n’étaient pas aussi lourdes de conséquences. Dans un système de banque libre, on peut présumer que les banques à faible taux de réserves seraient vite éliminées : quelques paniques bancaires de temps à autre y pourvoiraient. On reviendrait alors aux pratiques saines des siècles passés (avec une fourchette de 50 % à 100 % de réserves plutôt que 8 %). Mais dans un système de monopole monétaire, où les irresponsables sont au pouvoir, les erreurs du planificateur central sont payées par tout le monde, et surtout par les plus faibles. Comme le dit le libertarien Ron Paul : « appliquez le système soviétique à l’industrie bancaire, et vous obtenez la FED ».

Si l’hyperinflation et la destruction finale des monnaies décrétées est une possibilité à envisager sérieusement, nous ne souscrivons pas exactement au catastrophisme de Jovanovic, pas plus que nous ne vouons aux gémonies une Blythe Masters qu’il dépeint comme une femme fatale de la finance, entre fascination et détestation. Sa description de banques vampires qui accapareraient les stocks mondiaux de blé, de viande, de gaz, etc. pour les revendre à prix d’or ne nous convainc pas. Pas plus que le chiffre brandi de 55 000 milliards de dollars d’actifs toxiques dans les comptes de ces « mortes-vivantes » − ce chiffre impressionnant (autant que le PIB mondial) ne représentant pas un encours de crédits (le monde est suffisamment surendetté sans cela), mais la taille du marché des CDS (miracle de la cavalerie financière suscitée à l’origine par les banques centrales).

Des livres comme celui de Jovanovic, malgré leurs outrances, sont utiles pour montrer du doigt la fragilité du système actuel. Les gens oublient l’importance de la monnaie ou pensent que le sujet ne les concerne pas, alors que la division du travail, essentielle à une société évoluée, repose d’abord sur une monnaie capable de remplir son rôle. Ces grands criminels, ces pompiers pyromanes que sont les banquiers centraux, au service des États démagogues et à leur propre service, ne font qu’accélérer le surendettement général et, en bons soviétiques qu’ils sont, n’aboutissent qu’à appauvrir la population au profit d’une petite élite.

Quelques lectures pour ne pas pâlir idiot sous les pluies estivales :