« L’Etat est une secte » est un article publié par Hervé Duray le 5 mai 2001.
En France, il n’y a
plus de religion d’Etat depuis plus d’un siècle. Pourtant régulièrement l’Etat
se préoccupe de questions religieuses : par exemple quand des jeunes
musulmanes se rendent à leur lycée laïc voilées selon les écrits du Coran, ou
encore au travers des débats lors des cours d’éducation civique et citoyenne.
Les sectes fournissent un nouveau prétexte à l’Etat pour intervenir dans la vie
privée, et même spirituelle des Français. Maintenant, gare à vous si vos
croyances sont estampillées « SECTE ». Le Sénat français a adopté la
proposition de loi relative aux sectes jeudi dernier. Il faut dire que le débat
court en France depuis quelques années, après les multiples drames du temple
solaire (une vingtaine de morts au bas mot), et les polémiques récurrentes sur
les témoins de Jéhovah. Dernier épisode en date, un enfant de 14 ans qui refuse
une transfusion sanguine, bien qu’atteint d’une leucémie. Son geste lui a
certainement coûté la vie, mais sa volonté a été respectée. Et l’on ne compte
plus les affaires de toutes sortes concernant des viols, des extorsions de
fonds, ou encore l’exercice illégal de la médecine. Les « sectes »
les plus en vue ? Les Témoins de Jéhovah et bien sûr l’Eglise de Scientologie.
Les activités des Témoins de Jéhovah n’ont jamais été illégales, sauf le refus
du service militaire, mais qui saurait le leur reprocher ?
Mais il y en a bien d’autres… jusqu’aux groupes catholiques respectueux de la
plus pure tradition, comme ceux de l’Eglise Saint Nicolas à Paris, pourtant dépendante
de l’Eglise Catholique elle-même!
Pour bien nous convaincre de l’immense gravité du problème des
« sectes », la commission d’enquête du Parlement a avancé le chiffre
de 160 000 adeptes en France, et 100 000 sympathisants. Une quasi armée
!
Bref, on voit au
travers de ce petit tour d’horizon que les sectes incluent aussi bien des
groupes larges mais marginaux dans leurs modes de vie et de culte, que des
groupes dangereux, quasi-mystiques, où un gourou amène au meurtre, au suicide
etc… La définition des sectes ne peut se faire par les crimes qu’elles font
commettre à leurs adeptes ou leurs dirigeants, puisqu’on voit bien que tout l’éventail
du code pénal existe déjà, mais par leur nature religieuse. En même temps,
puisque les crimes et délits sont déjà couverts par la loi, pourquoi ne pas
appliquer la loi ? Et maintenant, comment va-t-on différencier ce qui est
« secte » de ce qui ne l’est pas ?
Pour cela
heureusement, le Parlement a apporté une réponse. Seront qualifiés de secte les
mouvements présentant un faisceau d’indices comprenant :
- la déstabilisation mentale ;
– le caractère exorbitant des exigences financières ;
– l’embrigadement des enfants ;
– le discours plus ou moins antisocial ;
– les troubles à l’ordre public ;
– l’importance des démêlés judiciaires ;
– l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ;
Hormis le fait que
les indices soient pour le moins difficiles à définir et de ce fait sont sujets
à toutes sortes d’interprétations, je me suis amusé à les appliquer à l’Etat.
Déstabilisation mentale : par
diffusion de fausses nouvelles : réchauffement de la planète, peur de la
vache folle, de la fièvre aphteuse, du SIDA, du chômage, bref de tout et de
rien, il me semble que l’Etat pratique à très grande échelle la déstabilisation
mentale, aidé en cela par les médias qu’il contrôle (chaines de télés publiques
et radios, subventions à la presse).
Caractère exorbitant des charges financières :
à plus de 55% de dépenses publiques dans le PIB français, il me semble que le
caractère exorbitant des charges demandées aux Français n’est pas à prouver. Le
train de vie des principaux gourous de la secte étatique reflète d’ailleurs
bien le poids de cette charge : palaces somptueux, voyages dans toutes les
destinations les plus prisées, avantages en nature innombrables, et bien sûr
revenus exceptionnels souvent non taxés, défiscalisés habilement.
L’Education Nationale se charge quant à elle de l’embrigadement des enfants. Cette structure tentaculaire est
parfaite dans ce rôle. 99% des professeurs sont acquis corps et âme à la gauche
la plus à gauche qui soit, et ils ont parfaitement conscience de leur place
stratégique. Ils mettent donc la plus grande attention à diffuser des versions
historiques remaniées, expurgées, triturées, afin que la vérité en cours au
sein de l’Etat soit bien diffusée dans les générations suivantes. Si cette vérité
venait à changer, le conditionnement reçu interdit toute lecture critique de la
presse et les informations reçues sont automatiquement assimilées en lieu et
place de l’ancienne vérité.
Le discours plus ou moins anti-social :
que dire d’un Etat qui stigmatise en permanence certaines catégories, comme le
« patronat », ou encore les « riches », pratique à n’en
point douter un discours violemment anti-social. Son but ? Détruire la société
telle qu’elle serait si l’Etat n’y intervenait pas : les riches sont donc
honnis, comme les familles, élément de base de toute société (hormis quelques
sociétés tribales). Autoriser l’avortement des filles de moins de 16 ans (!)
sans en référer aux parents par exemple va dans ce sens.
Les troubles à l’ordre public :
quelle contradiction pour l’Etat qui devrait être garant de l’ordre de
justement se retrouver fauteur de troubles. La politique nucléaire de l’Etat a
ainsi causé des manifestations nombreuses dans les années 70. Mais cela n’est
rien. Pensez plutôt à la politique inconséquente de construction de HLM partout
en France et d’immigration forcenée : résultat ? Délinquance, violence !
L’Etat participe aussi aux troubles à l’ordre public en apportant son soutien
aux groupes qui gênent la vie en société : grévistes de la SNCF, de la
RATP, de l’Education Nationale. Bref, l’Etat est un fauteur de trouble
permanent pour les français.
Les démêlés judiciaires de l’Etat ne
sont pas à compter. Les hommes politiques ont tous, y compris notre Président
M. Chirac, des casseroles innombrables. Certaines font plus de bruit, parce
qu’elles sont portées par des hommes dits « de droite », mais à gauche
elles existent aussi. Il n’y a qu’à se souvenir de la période faste des années
80 avec les affaires URBA/GRACO : tout le monde a trempé, et à cette époque,
le Secrétaire Général du Parti Socialiste n’était autre que Lionel Jospin,
actuel premier Ministre et peut être futur Président !
Quant à l’Etat en tant que personne morale, les procès contre l’Etat sont eux
aussi légions. Les défaillances de l’Etat censé nous protéger ont conduit de
nombreuses personnes à se retourner contre lui. Du sang contaminé à la vache
folle, l’Etat traîne aussi ses casseroles !
Détournement des circuits économiques
traditionnels : ah…. EN voilà un thème que j’apprécie. Que fait l’Etat
par ses interventions permanentes : lois, décrets, règlements, expropriations
! Tout cela n’a qu’un but : détourner l’argent des poches des citoyens
(sujets), vers leurs élus (maîtres). L’Etat s’accapare de larges parts des
ressources des citoyens les laissant souvent dans une misère qui forcément fait
d’eux une clientèle toute trouvée.
Pour que l’Etat
soit déclaré secte, il faudrait quelques indices supplémentaires : que
l’Etat porte atteinte physiquement aux sujets. Si l’Etat ne porte pas atteinte à
ses sujets, c’est peut-être que le système de pression est déjà assez bien réglé :
pas besoin d’envoyer la police pour extorquer le salaire d’un homme. La menace
est suffisante, quand la propagande n’a pas marché. Il faudrait aussi que
l’Etat tente d’infiltrer les pouvoirs publics, mais là, on pourrait plutôt
retourner l’indice en déclarant que l’Etat tente d’infiltrer la société civile.
Et c’est déjà fait : associations subventionnées, presse bâillonnée par
les subventions, économie gangrénée par les entreprises publiques et les marchés
publics.
Je crois donc
pouvoir dénoncer l’Etat français comme étant une secte. Alors pourquoi attaquer
les autres sectes ? Tout simplement parce que l’Etat se fonde sur le monopole,
le pouvoir sans partage : les sectes sont des concurrentes… à éliminer !
Et si vous croyiez naïvement que la
liberté de culte était garantie par la Constitution ou autre, détrompez-vous :
« toutes les croyances sont respectables, à condition qu’elles
s’exercent dans le respect des lois de la République » (source : texte officiel). Tout est dit.
Alors puisqu’il
faut se débarrasser des sectes, il faut bien trouver des moyens juridiques. Et
comme les victimes sont consentantes, sans quoi elles porteraient plainte,
elles trouveraient une aide ou les articles de loi existants permettraient
d’agir, il faut inventer de nouvelles lois.
La loi précédente disait en substance que « l’abus frauduleux de l’état
d’ignorance ou de la situation de faiblesse soit d’un mineur, soit d’une
personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une
infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse,
est apparente ou connue de son auteur, pour obliger ce mineur ou cette personne
à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables, est puni
de trois ans d’emprisonnement et de 2 500 000 F d’amende » . Problème ! Il faut rajouter à
cet article de loi que les critères de vulnérabilité soient étendus à… toute
personne en fait : les sectes recrutent aussi bien dans des milieux où les
personnes sont « aisées », cultivées, structurées etc… Le Temple
Solaire en est la cruelle démonstration : tous managers, chef d’entreprise
etc… Des notables !
En fait, l’extension de cet article permettrait de se passer du consentement
des « victimes » pour attaquer un groupe en le déclarant secte. C’est
donc la voie qu’a choisi Nicolas About, rapporteur du texte : désormais il
s’agit d’abuser « d’une personne en état de sujétion psychologique ou
physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de
techniques propres à altérer son jugement ». Et voilà, le tour est joué.
Sur d’autres plans,
il existe aussi de nombreux services de l’Etat susceptibles de « traquer
la secte » : « les services de police et de gendarmerie,
les directions régionales du travail et de l’emploi, les directions départementales
de la protection judiciaire de la jeunesse, les inspecteurs d’académie de l’éducation
nationale et de la jeunesse et des sports… ». Un exemple ? En France
quelques 6000 enfants suivaient une scolarité hors cadre, à la maison. Interdit
désormais. Le fait de ne pas inscrire l’enfant dans un établissement
d’enseignement est une infraction pénale. Si l’enfant est inscrit dans un établissement
scolaire « hors contrat », c’est à dire hors de l’autorité
administrative, il faudra subir des contrôles intempestifs pour l’établissement
et des examens périodiques pour les enfants. Les sectes ne pourront pas garder
les enfants à la maison… mais l’enseignement libre est mort.
Malgré quelques
timides réactions, étouffées dans la clameur de soulagement général du peuple
menacé par les sectes, la loi est donc passée.
La liberté de penser a encore reculé en France.