mercredi 23 novembre 2022

L’Etat est une secte

 « L’Etat est une secte » est un article publié par Hervé Duray le 5 mai 2001.

En France, il n’y a plus de religion d’Etat depuis plus d’un siècle. Pourtant régulièrement l’Etat se préoccupe de questions religieuses : par exemple quand des jeunes musulmanes se rendent à leur lycée laïc voilées selon les écrits du Coran, ou encore au travers des débats lors des cours d’éducation civique et citoyenne.
Les sectes fournissent un nouveau prétexte à l’Etat pour intervenir dans la vie privée, et même spirituelle des Français. Maintenant, gare à vous si vos croyances sont estampillées « SECTE ». Le Sénat français a adopté la proposition de loi relative aux sectes jeudi dernier. Il faut dire que le débat court en France depuis quelques années, après les multiples drames du temple solaire (une vingtaine de morts au bas mot), et les polémiques récurrentes sur les témoins de Jéhovah. Dernier épisode en date, un enfant de 14 ans qui refuse une transfusion sanguine, bien qu’atteint d’une leucémie. Son geste lui a certainement coûté la vie, mais sa volonté a été respectée. Et l’on ne compte plus les affaires de toutes sortes concernant des viols, des extorsions de fonds, ou encore l’exercice illégal de la médecine. Les « sectes » les plus en vue ? Les Témoins de Jéhovah et bien sûr l’Eglise de Scientologie. Les activités des Témoins de Jéhovah n’ont jamais été illégales, sauf le refus du service militaire, mais qui saurait le leur reprocher ?
Mais il y en a bien d’autres… jusqu’aux groupes catholiques respectueux de la plus pure tradition, comme ceux de l’Eglise Saint Nicolas à Paris, pourtant dépendante de l’Eglise Catholique elle-même!
Pour bien nous convaincre de l’immense gravité du problème des « sectes », la commission d’enquête du Parlement a avancé le chiffre de 160 000 adeptes en France, et 100 000 sympathisants. Une quasi armée !

Bref, on voit au travers de ce petit tour d’horizon que les sectes incluent aussi bien des groupes larges mais marginaux dans leurs modes de vie et de culte, que des groupes dangereux, quasi-mystiques, où un gourou amène au meurtre, au suicide etc… La définition des sectes ne peut se faire par les crimes qu’elles font commettre à leurs adeptes ou leurs dirigeants, puisqu’on voit bien que tout l’éventail du code pénal existe déjà, mais par leur nature religieuse. En même temps, puisque les crimes et délits sont déjà couverts par la loi, pourquoi ne pas appliquer la loi ? Et maintenant, comment va-t-on différencier ce qui est « secte » de ce qui ne l’est pas ?

Pour cela heureusement, le Parlement a apporté une réponse. Seront qualifiés de secte les mouvements présentant un faisceau d’indices comprenant :
- la déstabilisation mentale ;
– le caractère exorbitant des exigences financières ;
– l’embrigadement des enfants ;
– le discours plus ou moins antisocial ;
– les troubles à l’ordre public ;
– l’importance des démêlés judiciaires ;
– l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ;

Hormis le fait que les indices soient pour le moins difficiles à définir et de ce fait sont sujets à toutes sortes d’interprétations, je me suis amusé à les appliquer à l’Etat.
Déstabilisation mentale : par diffusion de fausses nouvelles : réchauffement de la planète, peur de la vache folle, de la fièvre aphteuse, du SIDA, du chômage, bref de tout et de rien, il me semble que l’Etat pratique à très grande échelle la déstabilisation mentale, aidé en cela par les médias qu’il contrôle (chaines de télés publiques et radios, subventions à la presse).
Caractère exorbitant des charges financières : à plus de 55% de dépenses publiques dans le PIB français, il me semble que le caractère exorbitant des charges demandées aux Français n’est pas à prouver. Le train de vie des principaux gourous de la secte étatique reflète d’ailleurs bien le poids de cette charge : palaces somptueux, voyages dans toutes les destinations les plus prisées, avantages en nature innombrables, et bien sûr revenus exceptionnels souvent non taxés, défiscalisés habilement.
L’Education Nationale se charge quant à elle de l’embrigadement des enfants. Cette structure tentaculaire est parfaite dans ce rôle. 99% des professeurs sont acquis corps et âme à la gauche la plus à gauche qui soit, et ils ont parfaitement conscience de leur place stratégique. Ils mettent donc la plus grande attention à diffuser des versions historiques remaniées, expurgées, triturées, afin que la vérité en cours au sein de l’Etat soit bien diffusée dans les générations suivantes. Si cette vérité venait à changer, le conditionnement reçu interdit toute lecture critique de la presse et les informations reçues sont automatiquement assimilées en lieu et place de l’ancienne vérité.
Le discours plus ou moins anti-social : que dire d’un Etat qui stigmatise en permanence certaines catégories, comme le « patronat », ou encore les « riches », pratique à n’en point douter un discours violemment anti-social. Son but ? Détruire la société telle qu’elle serait si l’Etat n’y intervenait pas : les riches sont donc honnis, comme les familles, élément de base de toute société (hormis quelques sociétés tribales). Autoriser l’avortement des filles de moins de 16 ans (!) sans en référer aux parents par exemple va dans ce sens.
Les troubles à l’ordre public : quelle contradiction pour l’Etat qui devrait être garant de l’ordre de justement se retrouver fauteur de troubles. La politique nucléaire de l’Etat a ainsi causé des manifestations nombreuses dans les années 70. Mais cela n’est rien. Pensez plutôt à la politique inconséquente de construction de HLM partout en France et d’immigration forcenée : résultat ? Délinquance, violence !
L’Etat participe aussi aux troubles à l’ordre public en apportant son soutien aux groupes qui gênent la vie en société : grévistes de la SNCF, de la RATP, de l’Education Nationale. Bref, l’Etat est un fauteur de trouble permanent pour les français.
Les démêlés judiciaires de l’Etat ne sont pas à compter. Les hommes politiques ont tous, y compris notre Président M. Chirac, des casseroles innombrables. Certaines font plus de bruit, parce qu’elles sont portées par des hommes dits « de droite », mais à gauche elles existent aussi. Il n’y a qu’à se souvenir de la période faste des années 80 avec les affaires URBA/GRACO : tout le monde a trempé, et à cette époque, le Secrétaire Général du Parti Socialiste n’était autre que Lionel Jospin, actuel premier Ministre et peut être futur Président !
Quant à l’Etat en tant que personne morale, les procès contre l’Etat sont eux aussi légions. Les défaillances de l’Etat censé nous protéger ont conduit de nombreuses personnes à se retourner contre lui. Du sang contaminé à la vache folle, l’Etat traîne aussi ses casseroles !
Détournement des circuits économiques traditionnels : ah…. EN voilà un thème que j’apprécie. Que fait l’Etat par ses interventions permanentes : lois, décrets, règlements, expropriations ! Tout cela n’a qu’un but : détourner l’argent des poches des citoyens (sujets), vers leurs élus (maîtres). L’Etat s’accapare de larges parts des ressources des citoyens les laissant souvent dans une misère qui forcément fait d’eux une clientèle toute trouvée.

Pour que l’Etat soit déclaré secte, il faudrait quelques indices supplémentaires : que l’Etat porte atteinte physiquement aux sujets. Si l’Etat ne porte pas atteinte à ses sujets, c’est peut-être que le système de pression est déjà assez bien réglé : pas besoin d’envoyer la police pour extorquer le salaire d’un homme. La menace est suffisante, quand la propagande n’a pas marché. Il faudrait aussi que l’Etat tente d’infiltrer les pouvoirs publics, mais là, on pourrait plutôt retourner l’indice en déclarant que l’Etat tente d’infiltrer la société civile. Et c’est déjà fait : associations subventionnées, presse bâillonnée par les subventions, économie gangrénée par les entreprises publiques et les marchés publics.

Je crois donc pouvoir dénoncer l’Etat français comme étant une secte. Alors pourquoi attaquer les autres sectes ? Tout simplement parce que l’Etat se fonde sur le monopole, le pouvoir sans partage : les sectes sont des concurrentes… à éliminer !

Et si vous croyiez naïvement que la liberté de culte était garantie par la Constitution ou autre, détrompez-vous : « toutes les croyances sont respectables, à condition qu’elles s’exercent dans le respect des lois de la République » (source : texte officiel). Tout est dit.

Alors puisqu’il faut se débarrasser des sectes, il faut bien trouver des moyens juridiques. Et comme les victimes sont consentantes, sans quoi elles porteraient plainte, elles trouveraient une aide ou les articles de loi existants permettraient d’agir, il faut inventer de nouvelles lois.
La loi précédente disait en substance que « l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse soit d’un mineur, soit d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur, pour obliger ce mineur ou cette personne à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 2 500 000 F d’amende » . Problème ! Il faut rajouter à cet article de loi que les critères de vulnérabilité soient étendus à… toute personne en fait : les sectes recrutent aussi bien dans des milieux où les personnes sont « aisées », cultivées, structurées etc… Le Temple Solaire en est la cruelle démonstration : tous managers, chef d’entreprise etc… Des notables !
En fait, l’extension de cet article permettrait de se passer du consentement des « victimes » pour attaquer un groupe en le déclarant secte. C’est donc la voie qu’a choisi Nicolas About, rapporteur du texte : désormais il s’agit d’abuser « d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement ». Et voilà, le tour est joué.

Sur d’autres plans, il existe aussi de nombreux services de l’Etat susceptibles de « traquer la secte » : « les services de police et de gendarmerie, les directions régionales du travail et de l’emploi, les directions départementales de la protection judiciaire de la jeunesse, les inspecteurs d’académie de l’éducation nationale et de la jeunesse et des sports… ». Un exemple ? En France quelques 6000 enfants suivaient une scolarité hors cadre, à la maison. Interdit désormais. Le fait de ne pas inscrire l’enfant dans un établissement d’enseignement est une infraction pénale. Si l’enfant est inscrit dans un établissement scolaire « hors contrat », c’est à dire hors de l’autorité administrative, il faudra subir des contrôles intempestifs pour l’établissement et des examens périodiques pour les enfants. Les sectes ne pourront pas garder les enfants à la maison… mais l’enseignement libre est mort.

Malgré quelques timides réactions, étouffées dans la clameur de soulagement général du peuple menacé par les sectes, la loi est donc passée.
La liberté de penser a encore reculé en France.

 

mercredi 9 novembre 2022

Le Métaphysicon de Jean-Pierre Petit : métaphysique pour tous !

 Le Métaphysicon de Jean-Pierre Petit : métaphysique pour tous !

Thierry Falissard

Jean-Pierre Petit, physicien et vulgarisateur autant prolifique qu’atypique, sinon « hérétique », a publié en 2020 un livre inclassable : le Métaphysicon (co-écrit avec le journaliste Jean-Claude Bourret). De même que son Topologicon traitait de topologie, son Logotron du langage, son Chronologicon du temps, son Géométricon de géométrie, le Métaphysicon traite de… métaphysique !


Thierry Falissard est ingénieur, traducteur, et auteur de plusieurs livres[i]. Il a publié un livre sur la métaphysique bouddhique (La pensée bouddhiste, Almora, 2016) et a traduit en français deux ouvrages du maître de méditation anglo-australien Ajahn Brahm. A paraître : Ainsi parlait le Bouddha (Arfuyen, 2023) et Métaphysique bouddhique.

La métaphysique a mauvaise presse de nos jours. Elle est un peu la laissée-pour-compte de disciplines connexes souvent elles-mêmes très controversées : philosophie, spiritualité, religion, ésotérisme, occultisme, ou même ufologie et science-fiction. Elle n’a jamais été vraiment abordée de manière scientifique. Emmanuel Kant la voyait comme « une mer sans rivage, sur laquelle le progrès ne laisse aucune trace[ii] ». Pour le philosophe Marcel Conche[iii], c’est davantage une recherche, une « tentative de trouver la vérité au sujet du tout de la réalité », mais elle ne mène pas à une vérité unique (au grand désespoir des esprits scientifiques, on l’imagine !). Marcel Conche affirme ainsi qu’il y a plusieurs métaphysiques possibles (évidemment contradictoires entre elles), et plusieurs argumentations possibles pour les soutenir.

Jean-Pierre Petit a donc le mérite d’essayer de traiter scientifiquement un sujet qui semble par nature échapper à la science, faute d’expérimentation ou de système englobant. Mais le « savanturier » s’aventurerait-il un peu trop loin, un peu trop au-delà de la physique, son domaine de prédilection ?

En pratique (si l’on peut dire pour ce type de sujet…), il y a deux façons d’aborder la métaphysique : la voie extérieure, et la voie intérieure.

La voie extérieure est celle de la philosophie, et parfois (rarement) celle de la science. Elle procède par construction spéculative, à partir de concepts souvent mal définis (Dieu, âme, Absolu…), et use de « démonstrations » contestables (avec usage immodéré de la pétition de principe ou du raisonnement circulaire[iv]) pour aboutir généralement à une forme de dogmatisme. C’est le royaume de l’improuvable, qui mène soit à la religion proprement dite, soit à des systèmes d’apparence grandiose (Spinoza, Hegel) qui n’apportent rien de concret et n’éclairent pas vraiment les mystères que la discipline est censée résoudre :

« Ils ne connaissent que les plus hautes abstractions, telles que : être, essence, devenir, absolu, infini, etc. Ils partent de celles-ci et bâtissent des systèmes dont le contenu n’aboutit en fin de compte qu’à des mots. A vrai dire, ces mots ne sont que des bulles de savon, avec lesquelles on peut jouer un instant, mais qui ne peuvent toucher le sol sans éclater. »[v]

Cette voie typiquement occidentale, encore accentuée par l’influence restrictive du monothéisme, qui aurait instauré ce qu’un historien appelle « tyrannie de la vérité[vi] », a toujours été combattue par ces anti-métaphysiciens que sont les sceptiques (Pyrrhon, bouddhisme primitif[vii]…), les empiristes (Hume), et plus tard les « philosophes du soupçon » et ceux de la tradition analytique anglo-saxonne. La science, au moins depuis Galilée, vient également à la rescousse pour démolir tous les systèmes dogmatiques en exposant leurs invraisemblances ou leurs contradictions, mais sans rien proposer de réellement positif en échange. Les rares études scientifiques menées sur le domaine sont le plus souvent, bien injustement, moquées, ignorées ou reléguées au rayon « ésotérisme » des bibliothèques[viii].

L’autre voie, la voie intérieure, est celle des mystiques, des ascètes, des intuitifs de tout poil. Leur expérience est sans aucun doute profonde et exaltante, mais elle n’aboutit pas à des « vérités » facilement partageables avec autrui, encore moins à une possibilité d’expérimentation, car elle relève uniquement d’une intuition métaphysique[ix]. Notons que certains métaphysiciens (Platon, Spinoza, Schopenhauer) utilisent simultanément les deux voies : à partir de leur intuition, de leur « ressenti » de la nature de la réalité et de l’unité de l’être, ils parviennent à construire un système rationnel et apparemment cohérent. Mais chacun d’entre eux défend son propre système et combat celui des autres !

Jean-Pierre Petit, en bon scientifique, choisit évidemment la voie extérieure, avec ses limitations, et même ses outrances (la couverture du Métaphysicon nous apprend ainsi que « nous avons une âme, qui survit après notre mort », mais la démonstration fait quelque peu défaut[x]).

Le mérite de son livre est de présenter un modèle qui puisse décrire certains phénomènes encore inexpliqués. Le point de départ est ce qu’on pourrait appeler un « dualisme pratique » qui sépare le corps (le matériel, la biosphère) et l’esprit (la noosphère). Même si J.-P. Petit assimile un peu trop vite la noosphère au « monde métaphysique » (ce qui l’amène à confondre constamment le paranormal et la métaphysique proprement dite[xi]), cette description a l’avantage d’échapper au réductionnisme et au matérialisme, qui ramènent tout à la matière et voient la conscience comme un simple épiphénomène.

Ce concept de noosphère, qui correspond aussi à ce que le bouddhisme appelle ālayavijñāna (réceptacle de conscience, ou conscience tréfonds[xii]), permet à J.-P. Petit de décrire (à défaut d’expliquer) de nombreux phénomènes : les différents états de conscience, altérés ou non (ce sont les faisceaux du schéma), les vies antérieures (les petits cercles figurés dans la noosphère), le prāna, le « corps astral », le rêve, la télépathie, les égrégores, la psychokinèse, la réincarnation, les « sorties de corps » (NDE), la médiumnité, etc. Petit procède par analogie avec le monde physique, en spéculant sur l’existence de méta-photons, d’une méta-matière, de méta-corps, d’une méta-gravitation, d’un « principe de Métarchimède », etc., et de processus comparables à ceux de la physique. Ces analogies sont certes contestables, car on ne voit pas pourquoi le fonctionnement du monde de l’esprit serait calqué sur celui de la physique, mais elles permettent d’établir des correspondances entre ces deux « plans de réalité », le physique et le « métaphysique ». Petit aboutit à une sorte de panpsychisme finaliste : la vie, dès la cellule, obéirait à un pilotage psychique, une « âme collective » caractéristique d’une espèce, et qui chercherait toujours à « étendre son champ relationnel » par la complexification.

On regrettera évidemment que le sujet de la méditation n’occupe qu’une seule page : c’est là la « voie intérieure » que nous avons évoquée plus haut, et qui n’a pas forcément de rapport avec les « chakras », comme le pense J.-P. Petit. Elle est encore peu étudiée par les scientifiques (neurosciences). On ne peut la réduire simplement à une « activité cérébrale de rythme alpha », pourtant les scientifiques n’ont rien de mieux à proposer ! La conscience (chez les méditants avancés) est pleinement focalisée sur la noosphère, comme coupée du corps, et différents états de conscience, plus ou moins sublimés, apparaissent, le plus commun étant celui du « sentiment océanique » décrit par Romain Rolland[xiii]. C’est la voie métaphysique par excellence en Orient, que l’Occident commence à peine à découvrir, en la banalisant au passage pour en exclure tout aspect métaphysique (avec des pratiques telles que la MBSR du professeur Jon Kabat-Zinn : réduction du stress basée sur la pleine conscience). En matière de méditation, l’hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme fournissent tous des repères et des pratiques de grand intérêt, mais en fin de compte tout est affaire d’expérience personnelle, et non de spéculation ou de croyance[xiv].

Les annexes occupent le tiers final du livre. On y appréciera un joli conte philosophique (L’homme en vert) et une description de la démarche de l’auteur dans ses recherches.

Le livre de Petit (qui n’est pas un petit livre, mais un gros livre !) aura donc la malchance de ne satisfaire ni les scientifiques, ni les philosophes, ni les mystiques de toutes chapelles ! Cependant, c’est une tentative louable qui vise à « scientiser » un domaine obscur, fuyant (voire indéfinissable) et encore totalement inexploré. L’avenir dira si c’est une impasse scientifique ou si c’est une modélisation qui a une certaine valeur et peut ouvrir de nouveaux horizons.

 

 

 

 

 

 



[ii] E. Kant, Les progrès de la métaphysique, posthume, 1793-1795.

[iii] Marcel Conche, Métaphysique, PUF, 2012.

[iv] Par exemple, la bien connue « preuve ontologique » pour prouver l’existence de « Dieu », ou la « démonstration » qu’en proposait de son côté le logicien Kurt Gödel. Cela n’a pour effet que de convaincre les déjà convaincus !

[v] Schopenhauer, Parerga, Sur la philosophie dans les universités (traduction Jackson).

[vi] Pierre Vesperini, La philosophie antique, 2019.

[vii] Voir K.N. Jayatilleke, Early Buddhist Theory of Knowledge, 1963.

[viii] Par exemple l’étude rigoureuse menée en 1966 par le professeur Ian Stevenson sur la réincarnation (Vingt cas suggérant le phénomène de réincarnation, J’ai lu, 2007).

[ix] Le terme d’intuition métaphysique est dû à l’érudit hindouiste Swâmi Siddheswarânanda (L’intuition Métaphysique, Dervy-livres, 1976).

[x] Le bouddhisme, par exemple, nie la notion d’âme immortelle, tout en admettant qu’il puisse y avoir une vie après la mort. C’est un « courant de conscience » impersonnel qui joue en quelque sorte le rôle d’une âme transmigrante.

[xi] Comme Spinoza, nous pensons que le « surnaturel », le paranormal, n’est que du « naturel » encore inexpliqué. En revanche, il pourrait y avoir des choses « absolument inexplicables » (l’existence elle-même, l’Absolu…), et celles-ci relèveraient de la métaphysique au sens strict.

[xii] Ce que le philosophe Bernardo Kastrup appelle également « mind-at-large ». Voir Kastrup, Brief peeks beyond, iff Books, 2015.

[xiii] Dans la lettre de Romain Rolland à Sigmund Freud datée du 5 décembre 1927.

[xiv] Par exemple : « dans le bouddhisme, il n’y a pas de livre sacré, c’est la méditation qui en tient lieu. » (Ajahn Brahm)